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Page:Allais - À l’œil.djvu/242

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bagage dans une gondole et que j’y fus installé moi-même, avec pas plus de fantaisie qu’on n’en met à monter en fiacre, alors seulement je consentis à faire entrer Venise dans le domaine de la réalité.

Mais quelle réalité ! Et que de rêves gagneraient à ressembler à ces contingences, comme dit Bauër !…

… Non seulement Venise existe, mais elle est habitée, pas uniquement par des peintres et des Cook’s touristes, mais encore par de vrais Vénitiens et des Vénitiennes authentiques, ces dernières plus jolies que nul ne saurait se l’imaginer et portant encore, en grande quantité, des chevelures de ce blond particulier qu’affectionnait notre regretté Titien.

… Contrairement à une croyance généralement répandue, le Français, pour peu qu’il prenne la précaution de ne point venir au moment des événements d’Aiguesmortes, est cordialement reçu en Italie.

Ainsi, moi qui vous parle, depuis huit jours que je suis à Venise, je compte déjà une foule d’amis, entre autres un brave garçon qu’on surnommait Molto Naso et qu’on appelle maintenant Nib de Blair pour me faire plaisir.

L’hostilité franco-italienne se montre surtout dans de petits détails sans importance et plutôt