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Page:Allais - À l’œil.djvu/69

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pas influencer par les panonceaux de l’officier ministériel.

Son sac sur le dos, il entra dans l’étude.

Un seul petit clerc s’y trouvait, très occupé à transformer en élégante baleinière une règle banale.

Théophile considéra l’ouvrage en amateur, donna à l’enfant quelques indications sur la construction des chaloupes en général et des baleinières en particulier, et demanda :

— Irma est-elle là ?

— Irma, fit le clerc, interloqué.

— Oui, Irma, ma nièce.

— Elle déjeune là.

Sans façon, Théophile pénétra. On se mettait à table.

— Bonjour, Irma ; bonjour, monsieur. C’est pas pour dire, ma pauvre Irma, mais t’as bougrement changé, depuis trente ans. Quand je t’ai quittée, t’avais l’air d’une rose mousseuse, maintenant on dirait une vieille goyave.

Le mari d’Irma faisait une drôle de tête. Un sale type le mari d’Irma, un de ces petits rouquins, mauvais, rageurs, un de ces aimables officiers ministériels dont le derrière semble réclamer impérieusement le plomb des pauvres gens.

Irma non plus n’était pas contente.