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Page:Allais - Amours, délices et orgues.djvu/64

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AMOURS, DÉLICES ET ORGUES

chose d’épatant à Bafouilly ! C’était le jour où il faisait si chaud… Ah ! oui, il faisait chaud, on peut le dire ! Un temps d’orage terrible et puis pas un souffle d’air !… En arrivant près de la mairie de Bafouilly, crac, mon pneu crève !… Je descends et je me mets à le regonfler. Mais voilà-t-y pas que toutes les bonnes gens du pays m’entourent avec des… passez-moi l’expression, mesdames… avec des gueules menaçantes et des poings levés : « Vous ne ferez pas cela ici, nous vous le défendons ! hurlaient les forcenés… Moi, épaté, je leur demande ce que cela peut bien leur faire, que je gonfle mon pneu. Alors un vieux me dit : « Tout le monde étouffe dans le pays, parce qu’il n’y a pas d’air. Et il n’y a pas d’air parce que ces cochons de vélocipédistes le prennent pour en gonfler leurs sacrés caoutchoucs ! Si vous ne voulez pas être assommé, f…ez le camp ! »