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Page:Allais - L’Arroseur.djvu/109

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Simplement


Le jeune homme qui remontait ainsi l’avenue de l’Opéra, avait l’air de s’embêter dans les grandes largeurs. Et il n’en avait pas que l’air, le pauvre gars, il en avait fichtre bien la chanson, la triste et consternante chanson.

Et pour éviter tout malentendu avec lui-même, parfois il se murmurait :

— Mon Dieu, que je m’embête !

Il parvint, en cet état d’âme, jusqu’aux boulevards, tourna à droite et vint s’affaler à la terrasse de Julien, où il commanda un sherry-gobbler.

Des hommes et des femmes passaient devant lui, et même des vieillards et des jeunes enfants ; des fois, un ecclésiastique piquait cette coulée humaine de sa note noire.

Les hommes lui paraissaient communs et d’esprit bas ; les femmes vilaines et pas rythmiques pour un sou ; les vieillards odieux et les bébés intolérables. Quant au prêtre, il lui rappelait le mot de Gambetta : Le cléricalisme, voilà l’ennemi.

— Mon Dieu, que je m’embête ! Mon Dieu, que je… !