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Page:Allais - L’Arroseur.djvu/123

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La flamme éteinte


Dans les temps où j’étais un tout petit jeune homme, j’eus l’occasion de venir habiter dans un hôtel de la rue Oberkampf.

— Pourquoi la rue Oberkampf ? me direz-vous.

— Pourquoi pas la rue Oberkampf ? vous répondrai-je froidement. La rue Oberkampf ne vaut-elle point telle ou telle autre artère ?

Et puis, d’ailleurs, je crois bien que ce n’était pas la rue Oberkampf que j’habitais alors, mais bien la rue Notre-Dame-de-Nazareth.

Il y a longtemps !

Mon humble chambrette me revenait, — ô temps bénis de ma jouvence — à quelque chose comme vingt-cinq francs par mois.

Elle ne comportait, je l’avoue, ni l’eau, ni le gaz, ni le reste. (Ne me contraignez point à insister.)

Pour le reste, je devais enfiler, dans toute sa longueur, un noir corridor se terminant par une porte peinte en brun sur laquelle, en bleu, s’enlevait cette inscription lapidaire : ICI.