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Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/103

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de dénoncer la désertion des campagnes par les mieux doués et les mieux cultivés de nos fils de cultivateurs, aux écoles d’agriculture et à tous les amis de cette grande industrie essentiellement nationale ; j’en appelle à tous ceux qu’épouvante le problème de la désertion du sol ; je pourrais en appeler à tous ces collèges classiques qui reçoivent un si grand nombre de jeunes gens à qui l’on reproche de ne savoir pas assez leur français : faut-il maintenir aux yeux des enfants de nos écoles élémentaires, la suprême ambition d’aller recevoir dans une académie commerciale le couronnement de leur éducation primaire ? Notre race est-elle donc une race de commerçants pour que l’éducation pousse ses fils vers les comptoirs ? Ou croit-on que l’avenir de notre race, son salut, son influence, dépendent du nombre de petits commis qu’on aura gavés d’arithmétique et d’anglais ?

Jusqu’ici nous n’avons, pour couronner l’enseignement primaire, que les académies qui partout se sont affublées de l’épithète « commerciales, » laissant voir par là à quelle destination elles préparent leurs élèves. Ce système qui pénétra, jusque dans les régions agricoles, n’a pas peu contribué à aggraver la désertion de la terre en drainant vers la carrière commerciale les enfants de cultivateurs les mieux doués, qui n’ambitionnaient pas de suivre le cours classique. Outre que ce système favorise ce fait reconnu aujourd’hui comme une plaie nationale, il ne rend pas justice aux élèves, de plus en plus nombreux, qui veulent orienter leur carrière d’un autre côté. Des écoles spéciales sont ouvertes, et elles pourront se multiplier davantage, pour préparer des compétences dans les divers domaines de notre activité nationale. La culture de nos académies commerciales n’est certainement pas une préparation aux autres écoles spéciales.

Eh bien, le nouveau programme veut remédier à cette lacune, et il suggère les moyens pratiques que voici : au lieu de ces académies avec leur unique programme absorbé par la préoccupation commerciale, on aura l’école complémentaire avec son programme dont une partie comportera une culture générale, et une autre partie sera appropriée au milieu scolaire, variant d’une école à l’autre, pour préparer aux diverses spécialités vers lesquelles veut s’orienter la masse des enfants qui la fréquenteront, Dans nos régions agricoles, nous pouvons remplacer les programmes commerciaux par un programme agricole ; on a des écoles qui préparent à l’industrie, aux arts et métiers ; le cours complémentaire devra ajouter à son programme de culture générale des études conduisant aux écoles industrielles, ou aux écoles techniques. Les académies de couvent, auront un programme moins chargé d’algèbre, de physique, de je ne sais quoi encore, et plus approprié au rôle de la femme. Il est temps de généraliser l’application de cette idée si l’on veut sauver les traditions familiales que nos programmes gonflés et mal orientés ne contribuent pas légèrement