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Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/25

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l’affirmer constitue une accusation tout à fait gratuite, puisqu’il n’y a que l’anglais qui se fasse en anglais dans leurs écoles élémentaires actuelles, et cela une heure au plus par jour, au cours le plus élevé. Puis, pourquoi reprocher aux religieux enseignants de faire de la comptabilité au cours élémentaire ? S’en fait-il dans ce cours ? Jamais, que nous sachions. La comptabilité, à proprement parler, n’est commencée, et encore rien qu’un peu, en cinquième année, puis continuée en sixième et jusqu’à la fin du cours, et alors, la tenue des livres n’occupe pas un temps si considérable. Les « bons Frères » ne passent guère plus d’une heure et demie à deux heures par semaine sur cette spécialité. Pour des écoles qu’on dit être toutes des académies commerciales, elles ne sont pas encore enfoncées dans les affaires du mercantilisme « au point de ne plus rien voir qu’entre les bornes étroites de l’anglais et de la comptabilité ; » les bornes sont plutôt éloignées.

Il y a bien d’autres matières où le zèle s’exerce d’ailleurs. C’est d’abord et par-dessus tout l’instruction religieuse et le français. La religion et la langue maternelle, répétons-le, priment tout le reste dans les écoles tenues par les « bons Frères. » C’est à n’y pas croire vraiment ! Dans une semaine complète, quatre heures et demie sont consacrées à l’enseignement de la religion, et au moins dix heures à celui du français : lecture, notions de style, phraséologie et grammaire. Puis l’enseignement de l’arithmétique, de l’histoire et de la géographie ne se fait pas en anglais, comme on l’insinue, même dans les degrés les plus élevés du cours primaire. Alors pourquoi donc ne voir rien autre chose que de l’anglais et de la comptabilité dans les écoles des religieux enseignants ? Serait-il indiscret de se renseigner avant d’affirmer ?

Il y a encore l’idée fausse de croire que toutes les académies de garçons tenues par les Frères sont des cours commerciaux et que tout ce qui est au programme converge vers ce but. Comme on peut le voir par l’exposé des matières principales citées plus haut, la tendance du cours élémentaire même jusqu’en 6e, 7e et 8e année est plutôt une culture générale. Les cours commerciaux proprement dits, ou tels qu’on veut les entendre, c’est-à-dire ceux dans lesquels tout doit tendre vers l’anglais ou la comptabilité et les matières s’y rapportant, ces cours-là sont plutôt très rares. Il peut s’en trouver dans certaines écoles indépendantes, mais non tenues par des religieux. D’ailleurs, si de telles écoles sous contrôle eussent existé, Messieurs les Inspecteurs d’Écoles auraient eu tôt fait de les signaler.

Quant à la désertion des campagnes dont les cours commerciaux sont accusés d’être la cause, est-ce l’enseignement commercial seul qui en est responsable ? Les autres écoles, qu’elles soient classiques, ou industrielles, ou techniques, peu importe, celles-là n’en peuvent-elles pas être aussi la cause ? Il n’en est pas question, cependant, dans les villes, il est clair que ce ne sont pas des fils de cultivateurs qui fréquentent les écoles paroissiales ; la question est donc tranchée pour celles-là. C’est pourtant