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Page:Allumez vos lampes, s'il vous plaît, 1921.djvu/57

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qu’ici l’étude de l’anglais a été vraiment trop sommaire pour qu’on puisse lui attribuer la pauvreté de notre français. L’enfant y apprend les premières notions, rien de plus, et il lui faut plus tard suppléer à cette insuffisance par un travail pénible et long. Tout de même il bénéficie des leçons qu’on songe à lui disputer, et qui lui permettront d’acquérir plus facilement ce qui lui reste à apprendre.

Un jeune homme, ancien élève des Frères, me disait hier : « Qu’aurais-je fait dans la vie si je n’avais appris l’anglais comme j’ai pu l’apprendre au Mont-Saint-Louis ? un vidangeur ou un camionneur, sans doute… J’avais pourtant d’autres ambitions. » termina-t-il en souriant. Ce jeune homme qui s’est déjà créé une situation enviable dans les affaires, était justement indigné de voir si mal compris un programme d’études auquel il avait largement et heureusement, puisé.

Le moyen de voir déserter nos écoles pour des centres d’éducation plus pratiques, ne serait-il pas justement d’adopter de semblables réformes, et ne serait-ce pas une suprême maladresse, au moment où se propage un mouvement sérieux en faveur de l’étude généralisée du français, de susciter de nouvelles luttes et de nouveaux ennuis. Le Franco-Américain réclamait l’autre jour l’enseignement du français au programme des écoles américaines, et un peu partout, le miracle français se manifeste. Ce miracle, nous le devons à la France, à son héroïsme, à sa valeur morale, à son génie. Le monde subjugué par les admirables exemples reçus d’elle, reconnaît aujourd’hui quel rôle doit lui concéder l’univers, et, pour mieux subir son rayonnement, les peuples étudient la langue souple et, merveilleuse qui est, le plus splendide moyen de traduire la grande pensée humaine. Cet hommage, la France le mérite. Et ici, chez-nous, au sein du petit peuple né de sa vaillance et de son âme, n’est-ce pas en apprenant à nos enfants, sur les bancs des écoles comme des collèges, tout ce que nous devons à la gloire de nos origines, que nous ferons monter plus haut le respect, l’amour, et l’attachement, à la langue française ? Quand ils auront compris tout ce que comporte de grand et de sublime l’histoire de notre race, depuis les héros de 1608, jusqu’à ceux de 1914-1918, ils sentiront une fierté profonde de leur sang et de leur langue, que rien ne saura jamais plus amoindrir. Récemment une foule immense rendait hommage dans Rimouski, aux héros de la dernière guerre, auxquels on élevait un monument. Nul doute que le matin, à la messe solennelle, avec leurs professeurs et leurs institutrices, tous les étudiants des collèges, couvents, écoles, étaient là, au premier rang, priant pour tous les braves tombés pour eux, les plus jeunes, là-bas, bien loin sur la terre de ta belle France. L’après-midi, j’imagine encore ces mêmes enfants groupés au pied du Monument que l’on dévoilait dans une véritable apothéose, et recevant là, de leurs aînés, morts pour la liberté du monde, la plus splendide leçon qu’une jeune race puisse écouter. C’est à de tels exemples