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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/43

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L’AVIATEUR INCONNU

en était le héros et, comme presque toujours, la dispute se termina en gaîté. Le dernier trait fut décoché par Tristan, au moment du coucher, tandis que les habitants de la villa se souhaitaient le bonsoir :

— Dors bien, recommanda-t-il à son frère, et si l’avia­teur entre cette nuit dans ta chambre, appelle-moi pour que j’aie le plaisir de faire sa connaissance !

Or, peu s’en fallut que cette baliverne fût une pro­phétie.

Tout reposait dans Pourville : le clair de lune éblouis­sant promettait un temps radieux pour le lendemain, l’air était calme, la mer palpitait doucement. Vers deux heures du matin, un vrombissement d’énorme insecte vint troubler la paix des êtres et des choses. Très vite s’accrut le tapage qui, en quelques instants, remplit tout l’horizon. L’avion, venant de l’intérieur, filait droit vers le large, le bruit dimi­nua, parut s’éteindre, mais pour renaître avec une intensité plus grande. L’aéroplane, ayant décrit une courbe en mer, s’était rapproché et commençait de tourner autour du village. Çà et là, des fenêtres s’éclairèrent et l’on vit des têtes s’avancer au dehors.

Celle de Félix Bergemont avant toute autre ; ayant pris à peine le temps de passer un pyjama, le maniaque de l’aviation fouillait les espaces sidéraux pour y découvrir l’appareil. Mais le clair de lune rendait malaisée cette opération, en sorte que le père d’Elvire, docile au bruit, tournait la tête en même temps que se déplaçait l’onde sonore. Il se trouva bientôt adossé à la barre d’appui de sa fenêtre, le visage dirigé vers le ciel et c’est ainsi que son frère, en se penchant à son tour à son balcon, l’aperçut au-dessous de lui.

— Qu’est-ce que tu fais, mon bon ami ? lui demanda-t-il, serais-tu tombé en extase ?

Félix négligea de riposter, pour suivre son idée la plus chère.

— Je n’arrive pas à le repérer, fit-il, on l’entend, mais on ne le voit pas. Pourtant, il ne doit pas être très haut !

— Qu’en sais-tu ? Peut-être te figures-tu qu’il t’apporte une nouvelle épître !

— Tiens ! tiens ! cria Bergemont cadet, il approche, il revient !

En effet, le ronronnement du moteur venait de se ren-