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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/5

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L’AVIATEUR INCONNU


CHAPITRE PREMIER

— Papa !

— Ma fille ?

— Tu n’as pas l’air de te douter que le dîner est servi depuis dix minutes !

— J’arrive !

— Le potage refroidit, je t’en préviens !

— Me voici, mon enfant !

— Mais, papa, tu me répètes toujours la même chose et, au lieu de venir à table, tu restes dans le jardin à contempler le ciel !

Un troisième personnage apparut, sa serviette au poing. Il prononça, d’un ton sarcastique :

— Ton père, ma pauvre Elvire, est semblable à Archimède qui, sans cesse plongé dans de profonds calculs, ne s’aperçut pas que Syracuse était prise par les Romains. Avec cette différence, toutefois, que l’illustre savant est remplacé ici par un modeste amateur !

M. Bergemont cadet haussa les épaules et dit à son frère Tristan qui passait sa vie à l’asticoter :

— Je te prie de garder tes comparaisons et de ne pas me brocarder sans cesse devant ma fille. Tu diminues mon prestige paternel !

— Mais j’augmente mon prestige avunculaire ! riposta M. Bergemont aîné.

— Laisse-moi donc tranquille, esprit routinier !

— Je te laisserai tranquille, quand tu daigneras te mettre à table, esprit supérieur !

— Dieu merci, je ne suis pas comme toi un être matériel, uniquement préoccupé de l’heure des repas !

— Oui, tu préfères attendre la manne céleste… Tu retardes de trois mille ans, homme moderne !