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L’AVIATEUR INCONNU

Non pas, son entêtement ne faiblissait point, car il se savait innocent des poursuites dirigées contre la jeune fille. Était-ce une raison, parce qu’il avait exprimé le désir, très naturel selon lui, d’avoir un gendre aviateur, pour qu’on le rendît responsable de ce qui se passait actuelle­ment ? Pur hasard, il ne cessait de se le répéter, si l’insis­tance de l’aviateur inconnu s’était manifestée juste à la suite de la demande en mariage formulée par Jean-Louis Vernal. Ne voit-on pas à chaque instant des coïncidences analogues ? Elvire était d’une iniquité scandaleuse, voilà la vérité ; elle cédait probablement à un état nerveux com­préhensible jusqu’à un certain point, mais qui, pourtant, n’excusait pas la véhémence de son langage.

— N’est-ce pas que j’ai raison ? demanda-t-il à Tristan, peu après la querelle, n’est-ce pas que cette petite a passé les bornes ?

Il n’avait pas hésité à confier ses doléances à son frère, bien qu’il lui déniât d’ordinaire toute valeur de jugement. Mais, rebuté par sa fille, il n’avait plus que la ressource de s’accrocher à lui.

— Je ne peux disconvenir, dit Bergemont aîné, qu’Elvire ait exagéré ses griefs. Ceci posé, tu aurais mauvaise grâce à ne pas te reconnaître fautif dans une certaine mesure.

— Moi ?

— Hé oui, toi ! C’est toi qui as attaché le grelot, c’est toi qui as mis sur le tapis les mérites de ces hommes volants dans lesquels tu persistes à voir des demi-dieux. Si tu n’avais pas si carrément pris parti pour eux, nous n’en serions pas à subir tous ces désagréments !

— Mais, bon sang, ce n’est pas ma faute ! Il n’y a aucun rapport entre ce que j’ai pu dire et ce qui est arrivé !

— Allons donc ! Tes propos, mon cher, n’ont pas été perdus, quelqu’un les a interceptés, sois-en sûr, s’en est emparé pour son compte ! Ne t’en déplaise, il existe un rapport étroit entre tes paroles de l’autre soir et les faits présents. Donc, ta fille est dans le vrai en t’adressant des reproches… Par malheur, elle a exagéré, mais, au fond, elle n’a pas tort.

— Ah ! ça m’aurait bien étonné de ne pas avoir tort, bougonna Bergemont cadet, avec toi, je suis toujours bon à pendre, c’est réglé comme du papier de musique ! Enfin, ta conclusion ?