Aller au contenu

Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/60

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
L’AVIATEUR INCONNU

beauté. Flossie, c’était le type accompli — et ce terme doit être pris dans son acception la plus rigoureuse — de la ravissante Anglaise keepsake, savoir : cheveux dorés et flous, grands yeux bleus, teint de nacre et, brochant sur le tout, cet inimitable air d’innocence qui, bien souvent, dissimule de secrètes roueries. Mais, en ce qui concernait Flossie, on devait s’abstenir de porter un tel jugement par la raison que la petite tante d’Elvire n’avait pas la moindre astuce. Elle était rieuse, elle était même espiègle sans abandonner pour cela l’exacte notion des contingences, mais son âme avait la pureté d’un cristal. À peine avait-elle vingt-huit ans ; elle était donc la sœur lointaine de la mère d’Elvire et dix années tout juste la séparaient de sa nièce. Autant dire deux camarades, qui n’avaient point de secrets l’une pour l’autre et se comprenaient admira­blement, bien que l’une fût par excellence une fille de France, avec le respect des traditions que le mot implique, et l’autre aussi indépendante que peut l’être l’Anglaise pur sang.

Bref, l’arrivée de Flossie apporta dans l’intérieur quelque peu tourmenté des Bergemont, une médiation salutaire. Le père d’Elvire appréciait beaucoup sa petite belle-sœur et quant à l’oncle Tristan, il daignait faire trêve en son honneur à l’ironie dont il était coutumier, pour lui témoigner une galanterie toute farcie de citations historiques ou littéraires, à l’éclat desquelles, il faut bien le dire, elle restait complètement insensible.


CHAPITRE VII

Le premier soin que prit Elvire Bergemont, après les compliments de bienvenue, après les détails de l’installa­tion de Flossie à la villa Cypris, fut d’entraîner dans sa chambre sa petite tante pour lui relater par le menu les événements dont elle était, bien à contre-cœur, l’héroïne. Elle traça rapidement le portrait moral de son père, plus que jamais toqué de progrès, de sciences nouvelles et de perfectionnement social, portrait qui n’étonna guère Flos­sie. Au cours de ses précédentes vacances, elle avait pu, en effet, se rendre compte des manies de son beau-frère, sans y attacher d’importance, d’ailleurs, car ces manies,