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Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/78

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L’AVIATEUR INCONNU

— N’êtes-vous pas d’avis que cette situation ne peut se prolonger ? Et qu’il faut que nous trouvions, l’un ou l’autre, un moyen quelconque d’y apporter un terme.

— Assurément, ma chérie, répondait Vernal. Mais comment ?

— Je ne sais pas ! Je m’épuise à m’interroger moi-même. Mais vous, Jean-Louis, qu’est-ce que vous me conseillez ?

— Je vous conseille, répliquait Jean-Louis, de ne pas attacher trop d’importance à des exhibitions qui…

— Il ne s’agit pas d’exhibitions ! Je m’en moque des exhibitions ! Ce qui m’irrite, ce qui me déprime, ce sont ces lettres qui me tombent du ciel au su et au vu de tout le monde ! Je suis ridiculisée, ne comprenez-vous pas ?

— Oh ! ridiculisée !…

— Mais si, mais si… et je m’étonne un peu, je l’avoue, que nous n’en éprouviez pas du mécontentement.

Et toujours lorsque l’entretien arrivait au tournant dangereux, — car il ne se passait guère de soir sans qu’Elvire révélât sa détresse, — Jean-Louis Vernal, de sa voix la plus douce, et la plus convaincante, murmurait :

— Elvire bien-aimée, je vous conjure de traiter la croi­sade de l’Aviateur inconnu comme une bagatelle. Je vous supplie de vous réfugier dans notre amour, de ne songer qu’à notre avenir et de vous répéter le serment que vous avez prononcé : « Je jure de ne jamais épouser un aviateur ! »

— Et cela vous suffit ! s’étonna la jeune fille.

— Mais oui, parce que j’ai confiance en vous, une con­fiance aveugle.

— Vous avez raison… toutefois, j’aimerais que votre imagination nous fournît quelque chose, de moins… patient !

— Voilà que vous me reprochez la patience, et cependant c’est la patience que vous a prêchée votre tante, à peine arrivée ! Non, non, croyez-moi, Elvire, tout cela se terminera de la façon la plus satisfaisante, je vous le promets. Comme dans les contes, nous serons heureux et nous aurons beaucoup d’enfants !

Jean-Louis, bien entendu, s’empressait d’accompagner ces paroles apaisantes de baisers aussi doux que le permettaient les barreaux de la grille et, finalement, Elvire