Aller au contenu

Page:Alma - L'aviateur inconnu, 1931.pdf/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
91
L’AVIATEUR INCONNU

Avisant un groupe de soldats à la porte du camp, elle s’informa :

— Le capitaine de Jarcé n’est-il pas de service ce soir ?

Le soldat qu’elle interrogeait fit un geste d’ignorance et posa à son tour la question à un camarade qui répondit par l’affirmative. Lui-même se chargea de renseigner Flossie :

— Parfaitement, le capitaine est là, madame ; désirez-vous lui parler ?

— Mais oui, si c’est possible.

Le militaire partit à la recherche du capitaine, tandis que Flossie observait les abords du camp. Son attente fut longue, mais aussi couronnée de succès, car elle vit arri­ver Henri de Jarcé qui, en la voyant, poussa une exclama­tion de surprise :

— Par exemple, c’est vous, mademoiselle, vous à pareille heure ! Quel bienheureux hasard vous attire dans cette région perdue ?

— Mais, tout simplement, capitaine, répondit Flossie, l’intention de mettre à profit votre si cordiale invitation. Depuis que vous me l’avez adressée, je n’ai cessé d’y pen­ser… Ma foi, je ne me suis pas senti la force de patienter davantage. J’ai loué une auto et me voici.

— Vous êtes seule ? demanda l’officier sur la physionomie duquel se lisait un étonnement agréable, mitigé de vague appréhension,

En riant Flossie prononça :

— Est-ce que cela vous choque. Voudriez-vous que je me sois fait accompagner d’une duègne ?

— Non, mais, fit de Jarcé en hésitant, je pensais que peut-être Mlle Bergemont, elle aussi, serait curieuse de…

— Elle n’a pu se résoudre à courir les routes au milieu de la nuit, expliqua Flossie résolument.

Le capitaine ne pouvait se débarrasser d’une certaine gêne. Il reprit :

— Je suis absolument ravi de vous voir… Cependant, je croyais vous avoir conviée à venir à Buchy de préfé­rence dans l’après-midi, de façon que je puisse vous con­sacrer plus de temps. Ne vous ai-je pas dit que deux ou trois fois par semaine, je suis accaparé par mon service de nuit ? Ce soir, par exemple…

— Oui, peut-être, répliqua délibérément Flossie, mais