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Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/15

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GASPARD DE LA NUIT


— Plût au ciel que l’art ne fût pas une chimère !

— Une chimère !… et moi aussi je l’ai cherché ! » s’écria-t-il avec l’enthousiasme du génie et l’emphase du triomphe.

Je le priai de m’apprendre à quel lunetier il devait sa découverte, l’art ayant été pour moi ce qu’est une aiguille dans une meule de foin…

— « J’avais résolu, dit-il, de chercher l’art comme au moyen-âge les roses-croix cherchèrent la pierre philosophale ; l’art, cette pierre philosophale du XIXe siècle !

» Une question exerça d’abord ma scolastique. Je me demandai : Qu’est-ce que l’art ? — L’art est la science du poète. — Définition aussi limpide qu’un diamant de la plus belle eau.

» Mais quels sont les éléments de l’art ? Seconde question à laquelle j’hésitai pendant