Aller au contenu

Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


II

LES MULETIERS


Celui-ci n’interrompait sa longue romance que pour encourager ses mules en leur donnant le nom de belles et valeureuses, ou pour les gourmander, en les appelant paresseuses et obstinées.
Chateaubriand. — Le dernier Abencerage.


Elles égrainent le rosaire ou nattent leurs cheveux, les brunes Andalouses nonchalamment bercées au pas de leurs mules ; quelques uns des arriéros chantent le cantique des pèlerins de Saint-Jacques répété par les cent cavernes de la sierra, les autres tirent des coups de carabine contre le soleil.

« Voici la place, dit un des guides, où nous avons enterré la semaine dernière José Matéos, tué d’une balle à la nuque dans une atta-