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Page:Aloysius Bertrand - Gaspard de la nuit, édition 1920.djvu/34

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mon voisin. Pas plus de diable qu’au bout du rosaire d’une dévote ! Néanmoins il existe ; — saint Augustin en a, de sa plume, légalisé le signalement : Dæmones sunt genere animalia, ingenio rationabilia, animo passiva, corpore aerea, tempore æterna. Cela est positif. Le diable existe. Il pérore à la chambre, il plaide au palais, il agiote à la bourse. On le grave en vignettes, on le broche en romans, on l’habille en drames. On le voit partout, comme je vous vois. C’est pour lui épiler mieux la barbe que les miroirs de poche ont été inventés. Polichinelle a manqué son ennemi et le nôtre. Oh ! que ne l’a-t-il assommé d’un coup de bâton sur la nuque !

» Je bus l’élixir de Paracelse, le soir avant de me coucher. J’eus la colique. Nulle part le diable en cornes et en queue.

» Encore un désappointement : — l’orage, cette nuit-là, mouillait jusqu’aux os la vieille cité accroupie dans le sommeil. Comment