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Page:Alphonse de Candolle - Origine des plantes cultivées, 1883.djvu/218

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PLANTES CULTIVÉES POUR LEURS FRUITS

Lobel, Icones, 641, le caractère du pédoncule est nettement accusé. Les noms donnés à ces plantes expriment une origine étrangère ; mais les auteurs ne pouvaient rien affirmer à cet égard, d’autant plus que le nom Inde signifiait ou l’Asie méridionale ou l’Amérique.

Ainsi les données historiques ne contredisent pas l’opinion d’une origine américaine, sans l’appuyer cependant.

Si l’habitation spontanée se confirme en Amérique, on pourra dire désormais que les Courges cultivées par les Romains et dans le moyen âge étaient le Cucurbita maxima et celles des indigènes de l’Amérique du Nord, dans le XVIIe siècle, vues par divers voyageurs, le Cucurbita Pepo.

Courge masquée, ou melonnée. — Cucurbita moschata, Duchesne.

Le Bon jardinier cite comme principales formes de cette espèce les Courges muscade de Provence, pleine de Naples et de Barbarie. Il va sans dire que ces noms ne signifient rien pour l’origine. L’espèce est facile à reconnaître par sa pubescence légère et douce, le pédoncule du fruit pentagone, épaté au sommet, le fruit plus ou moins couvert d’une efflorescence glauque, à chair copieuse, plus ou moins musquée. Les lobes du calice sont souvent terminés par un limbe foliacé[1]. Cultivée dans tous les pays tropicaux, elle s’avance moins que les autres Courges dans les pays tempérés.

M. Cogniaux[2] soupçonne qu’elle est du midi de l’Asie, sans en donner la preuve. J’ai parcouru les flores de l’ancien et du nouveau monde et n’ai pu découvrir nulle part la mention d’un état vraiment spontané. Les indications qui en approchent le plus sont : 1o en Asie, dans l’île de Bangka, un échantillon vérifié par M. Cogniaux et que Miquel[3] ne dit pas cultivé ; 2o en Afrique, dans l’Angola, des échantillons que Welwitsch dit tout à fait spontanés, mais « à la suite probablement d’une introduction[4] » ; 3o en Amérique, cinq échantillons du Brésil, de la Guyane ou de Nicaragua, mentionnés par M. Cogniaux, sans qu’on sache s’ils étaient cultivés, naturalisés ou spontanés. Ce sont des indices tout à fait légers, et l’opinion des auteurs le confirme. Ainsi, pour l’Asie, Rumphius, Blume, Clarke (dans Flora of brit. India), et, pour l’Afrique, Schweinfurth (dans Baker, Tropical flora), n’ont vu la plante absolument que cultivée. En Chine, la culture n’est pas ancienne[5]. En Amérique, les flores mentionnent très rarement l’espèce.

  1. Voir l’excellente planche de Wight, Icones, t. 507, sous le nom faux de Cucurbita maxima.
  2. Cogniaux, dans Monogr. Phaner., 3, p. 547.
  3. Miquel, Sumatra, sous le nom de Gymnopetalum, p. 332.
  4. Cogniaux, Ibid.
  5. Bretschneider, lettre du 23 août 1881.