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LES AVENTURIERS DE LA MER


rendait de Londres à la Nouvelle-Zélande, lorsqu’il fut rencontré dans la Manche, au sud de Portland, par le Forest, de Windsor (Nouvelle-Écosse) ; les deux navires furent engloutis, et on ne sauva qu’une douzaine de personnes.

La Tamise participe tellement du mouvement de la navigation dans les eaux anglaises, que nous donnerons un souvenir à la catastrophe qui amena la perte de la Princesse Alice, le 3 septembre 1878. Ce magnifique steamer ramenait de Sheerness plus de neuf cents personnes, en promenade sur la Tamise, lorsqu’il fut abordé, près de Woolwich, par l’énorme vapeur Bywell-Castle. La Princesse Alice sombra en un moment. On parvint à tirer de l’eau cent quarante-six naufragés. Environ six cent quarante cadavres furent recueillis. Une centaine de corps durent rouler jusqu’à la mer. Quelle fin d’une partie de plaisir !

Une autre collision plus récente se produisit en 1883 entre le paquebot le Saint-Germain des Messageries transatlantiques, navire de première grandeur, et le vapeur anglais Woodburn, à l’entrée de la Manche. Elle eut lieu par une brume intense, dans des circonstances exceptionnelles.

Le Woodburn, arrivant de la mer des Indes, avait dû relâcher à Lisbonne avec sa machine désemparée, et un puissant remorqueur était allé l’y chercher. C’est à quelques lieues de la côte d’Angleterre, que les deux bâtiments rencontrèrent le Saint-Germain, qui évita le remorqueur et se jeta tout droit sur le steamer remorqué, le faisant couler à pic, avec quinze hommes de son équipage sur vingt-sept.

Sans les compartiments étanches de sa cale, le vapeur français aurait sombré aussi. Dans un bassin de l’arsenal de Plymouth où le Saint-Germain fut admis d’urgence par l’Amirauté anglaise, on trouva son avant disloqué et percé d’énormes trous au-dessous de la ligne de flottaison. Le choc avait été si violent que, dans ses tôles, demeuraient incrustées des portions du bastingage et de la coque du Woodburn. Les propriétaires et assureurs de ce steamer mirent saisie-arrêt sur le Saint-Germain, et sur sa cargaison.

Le Saint-Germain avait pris au Havre quatre cent cinquante-huit passagers. Ils en furent quittes pour la peur.

Quelques années auparavant, en 1876, ce paquebot, revenant de New-York, fut assailli par un formidable coup de mer qui lui enleva son gouvernail. Il fallut, en plein océan, et au moyen de tronçons de vergues, de madriers, de palans, de cordages, établir ce que les marins