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LES AVENTURIERS DE LA MER


Lorsque le cyclone développe ses fureurs, la mer s’élève en hautes lames qui retombent avec une force capable de briser la membrure des plus solides vaisseaux. Les navires sont particulièrement menacés par ces perturbations, et ce sont eux qui ont le plus à craindre ; mais les îles et les archipels éparpillés au milieu des océans se trouvent dans les mêmes conditions défavorables que des vaisseaux ou des flottes sous le passage d’un cyclone ; les lames déferlent sur leur littoral, comme elles déferlent sur le pont des navires ; elles enlèvent et engloutissent des populations entières, comme elles le feraient d’un équipage.

Aussi redoutables que dans l’Atlantique, — disons mieux : que dans la mer des Antilles, — se montrent les ouragans des mers des Indes et de la Chine. Sur le littoral africain de l’Atlantique, ils prennent le nom de tornadas. Un point noir apparaît à l’horizon. Ce point s’étend. Bientôt tout disparaît ; tout tourne comme avec une hâte d’en finir. Quelle résistance le navire peut-il opposer ? Le long de la côte orientale de l’Amérique du Sud, vis-à-vis des Pampas — vastes plaines qui s’étendent entre l’Atlantique et la Cordillère — ces tempêtes, accompagnées de grains violents, sont appelées pamperos.

Aux tourbillons, aux ouragans, se joignent parfois, s’associent des trombes, des typhons. Souvent, pour le navigateur, elles sont difficiles à distinguer. À vrai dire, on ne se préoccupait guère d’établir de classement rigoureux avant les premiers essais de codification de la loi des tempêtes, entrepris avec succès dans notre siècle, et qui marqueront une ère nouvelle dans la navigation. Sans espoir de s’y soustraire jamais, les marins, les populations éprouvées se bornaient à déplorer les effets de ces perturbations et le souvenir des plus désastreuses se conservait de mémoire d’homme, du moins pendant un temps : les récentes catastrophes font oublier les anciennes ; et pour l’enseignement du marin, les exemples les plus rapprochés de lui sont les plus précieux, car rien ne l’assure que depuis les siècles écoulés certaines conditions météorologiques n’ont pas subi de profonds changements.

Nous ferons donc sagement, nous aussi, en ne remontant pas trop haut dans le passé, pour rappeler le souvenir des ravages exercés sur des points du globe plus particulièrement exposés aux fureurs de la mer.

Les Anglais ont noté dans leur histoire maritime l’ouragan de 1703, qui couvrit leurs côtes de débris et de ruines et dans lequel périrent