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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/162

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LES AVENTURIERS DE LA MER


ponnèrent. Un marin tenta son ascension à la force des poignets, ce qui était peut-être téméraire ; mais un autre voulut en faire autant ; sous ce double poids la corde rompit et les deux hommes vinrent s’écraser contre les parois rocheuses du rivage et roulèrent dans les flots.

Tout était à recommencer, et il fallut remettre au lendemain une nouvelle tentative. Le lendemain, dès la première heure, les braves sauveteurs étaient à leur poste, accompagnés de la courageuse lady Roberts, « l’honneur de son sexe », dit le docteur Spolasco. Les naufragés se montrèrent raisonnables. Une corde fit glisser jusqu’à eux une corbeille pleine de vivres. Ils retrouvèrent quelque chaleur et quelques forces en buvant ; mais aucun aliment ne put d’abord entrer dans leur gosier, le froid les avait tellement paralysés qu’il leur devenait impossible d’avaler des aliments substantiels. La corbeille contenait aussi un papier renfermant des indications sur les moyens de sauvetage qu’on allait employer.

Un hamac leur fut envoyé. Après une courte délibération, la première personne qui y prit place fut une femme nommée Mary Leary, très effrayée de cette traversée à faire dans les airs. Le docteur Spolasco eut son tour aussitôt après. Puis on ramena le maître charpentier du Killarney, qui était fort malade et qui mourut presque aussitôt son sauvetage accompli. Le capitaine, ainsi que le voulait son devoir, monta le dernier dans le hamac. En deux heures, les naufragés, au nombre de quatorze, furent arrachés de leur refuge — arrachés à la mort. Ils reçurent toutes sortes de soins empressés, et une souscription fut ouverte en faveur des veuves et des enfants de ceux qui avaient péri. De cinquante personnes ayant quitté Cork sur l’infortuné steamer, environ vingt-cinq purent débarquer sur le rocher, et de ceux-là, quatorze seulement, comme on le voit, abordèrent au rivage, grâce à l’intelligence et à l’activité de leurs sauveteurs.