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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/235

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LES AVENTURIERS DE LA MER


officiers pour leur exposer sa position : chargé par une famille honorable de veiller sur son enfant, il se croyait obligé de ne rien épargner pour arracher l’imprudent au sort qu’il se préparait. On résolut de tenter l’impossible.

Le 3 avril, au lever du soleil, des groupes de naturels couvraient les plages de port Refuge, suivant attentivement les mouvements du navire baleinier. Les pirogues avaient disparu ; mais on finit par découvrir qu’elles se trouvaient sur un point éloigné de la baie. Powell fait aussitôt appareiller son navire, tire quelques coups de canon pour effrayer les insulaires, et se dirige vers les pirogues. Lorsqu’il est près d’elles, il arme deux canots, s’embarque et, protégé par le feu de la baleinière, il réussit à mettre à la mer la plus grande des deux pirogues qu’il amène à la remorque.

Il crut qu’il lui serait aussi facile de s’emparer de la seconde pirogue. Il repart avec un seul canot et débarque sans obstacle. Se sentant soutenu par les canons de son navire, il n’hésite pas à avancer ; les insulaires, armés de lances, de haches et de casse-tête, cachés près du rivage, attendaient le moment d’agir ; mais les canons du baleinier les tenaient en respect. À un moment, ils observèrent avec une étonnante sagacité que le navire, forcé par le peu de profondeur de l’eau de virer de bord, leur présentait son avant et ne pouvait faire feu. Ils s’élancent et attaquent les Anglais.

Revenus de leur première surprise, ceux-ci se défendent avec bravoure ; mais avant qu’ils aient rechargé leurs armes, ils sont enveloppés ; leur canot est encore à flot, ils tentent d’y rentrer et de fuir. Dans ce mouvement, Powell est atteint par derrière d’un coup de hache qui l’abat. Plusieurs officiers et matelots partagent son sort ; deux matelots seulement parviennent à regagner le baleinier à la nage, et encore l’un d’eux était-il dangereusement blessé d’un coup de sagaie, celui-là même qui a raconté les péripéties de ce drame.

De tous côtés retentissait le bruit de la conque guerrière, les sauvages couraient aux armes ; leurs pirogues se réunissaient pour une attaque générale. Dans cette situation périlleuse, l’équipage affaibli du Rambler n’eut d’autre ressource que d’abandonner la pirogue capturée, de forcer de voiles et de s’éloigner en toute hâte.

Ces faits se passaient en 1826. La désertion de quelques marins était la cause de cet épouvantable massacre…

C’est aussi à la suite d’une désertion que nous trouvons dans une