Aller au contenu

Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/277

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
274
LES AVENTURIERS DE LA MER


Dans ce village abandonné, il ne restait que quelques vieux Maoris assis tranquillement devant leurs huttes. Dans la demeure de Takouri, on trouva le crâne d’un homme qui avait été cuit depuis peu de jours ; on y voyait encore quelques parties charnues, et même les marques des dents des cannibales ; on découvrit aussi un morceau de cuisse, passé à une broche de bois.

On réunit quelques pièces de vêtement et des armes provenant des marins massacrés, et une fois en possession de ces preuves, aucun doute ne pouvant plus d’ailleurs subsister sur le sort du commandant Marion du Fresne et des hommes de sa suite, on mit le feu à deux villages, — représailles bien insuffisantes !

Le 14 juillet, les vaisseaux le Castries et le Mascarin, commandés par MM. Duclesmeur et Crozet, quittèrent enfin la Nouvelle-Zélande pour continuer leur voyage dans les mers du Sud.

L’année suivante, l’illustre Cook, qui dans un premier voyage avait dû tenir en respect les Néo-Zélandais en les menaçant de ses canons, revint encore reconnaître le littoral de la plus grande île de la Polynésie. Dans ce second voyage, un des canots du vaisseau l’Adventure, commandé par Furneaux, compagnon de Cook, fut enlevé par les Maoris, qui massacrèrent et mangèrent les marins qui le montaient.

Il y a de pareils faits plus récents encore, à mettre à la charge des Néo-Zélandais, nous n’en citerons qu’un. En mars 1816, le brick américain l’Agnès ayant mouillé sur la baie de Toko-Malou, trois hommes de l’équipage furent tués par les Maoris, puis onze autres. Ces derniers furent assommés, rôtis et mangés. Un seul marin trouva grâce à leurs yeux, un Anglais nommé Rutherford. Il plut à Emaï, un chef très puissant. Rutherford devint chef à son tour ; mais il se sauva après dix années de cette captivité dans les grandeurs, et put atteindre l’Europe.

Non loin de la grande terre des Maoris se trouve, on le sait, la Nouvelle-Calédonie. L’attention du gouvernement français fut attirée sur cette île par le retentissement qui suivit un de ces horribles attentats, œuvre des cannibales océaniens : les Canaques de Balade semblaient jaloux des indigènes de la Nouvelle-Zélande. Déjà, ils avaient assassiné plusieurs missionnaires et massacré les équipages de caboteurs anglais venus d’Australie pour pêcher sur leurs côtes, lorsqu’en 1851 l’Alcmène, commandée par le comte d’Harcourt, vint mouiller à Balade. Chargé de faire des travaux hydrographiques, cet officier donna ordre