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Page:Améro - Les aventuriers de la mer.pdf/279

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LES AVENTURIERS DE LA MER


la grande terre et ses montagnes inaccessibles ; cependant quelques-uns d’entre eux furent tués, leurs cases, leurs plantations, leurs pirogues détruites, et plus de six mille pieds de cocotiers, qui n’en pouvaient mais, abattus.

« Depuis ces événements, j’ai été un des premiers Européens qui fût revenu dans ces parages, et sur les lieux mêmes du massacre ; les indigènes me montraient avec une sorte de complaisance ceux d’entre eux qui y avaient pris le plus de part. Certes, pendant qu’ils nous faisaient un semblable récit, nos cœurs battaient de colère, et nous aurions été heureux de tirer une vengeance éclatante de ces forfaits ; mais j’étais venu dans cette tribu redoutable et nombreuse avec sept hommes armés seulement, et, bien loin de provoquer une attaque, nous aurions fait tout notre possible pour l’éviter. »

Toutes les îles de l’Océanie semblent rivaliser quand il s’agit de cruauté.

Aux îles Tonga, déjà trop de fois nommées, l’Union de New-York, capitaine Isaac Pendleton, perdit son capitaine et plusieurs hommes de son équipage, et si le second, nommé Wrigt, n’eût fait couper les câbles, le navire eût été enlevé par les naturels. Ces féroces insulaires cherchèrent à attirer un des canots à terre. Mais une femme de couleur, cette même Elisa Mosey demeurée sur l’une des îles depuis le massacre du Duke of Portland, s’offrit aux naturels pour faciliter l’exécution du guet-apens que l’on préparait. Elle se fit conduire près du navire, se flattant de persuader l’officier qui commandait à bord et de l’attirer dans le piège ; mais cette femme courageuse, quand elle fut près de l’Union, se jeta à la nage et vint dévoiler les projets des insulaires. Wrigt mit aussitôt à la voile… Hélas ! c’était pour tomber en des mains plus cruelles encore. Une implacable fatalité pesait sur ce navire ; quelques jours après, il se perdit sur les îles Viti, et son équipage fut massacré et dévoré par les cannibales de cet archipel.

Du reste, ces naturels se traitent entre eux avec tout autant de cruauté. Ainsi, vers 1820, une grande pirogue de Tonga ayant fait naufrage sur les côtes de Landzala, l’une des nombreuses îles Viti, les cannibales massacrèrent et mangèrent tous les hommes qui la montaient.

Ce n’est pas forcer notre cadre que de donner un souvenir à un vaillant missionnaire anglican, qui fit véritablement montre des aptitudes d’un navigateur.

John Williams, peu connu chez nous, est l’un des plus célèbres mis-