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LES AVENTURIERS DE LA MER


nommé le Endeavour, avec lequel il établit des communications d’une île à l’autre.

En 1823, le hardi missionnaire découvrit l’île de Rarotonga, la plus belle et la plus populeuse des îles du petit archipel Hervey. C’était alors une île d’anthropophages. Williams entreprit d’adoucir les mœurs de ses habitants. Mais comme il était en désaccord de vues avec la Société des Missions de Londres, il lui fallut se dessaisir de son schooner. Quand il voulut quitter cette île, il dut attendre durant de longs mois qu’un navire de passage vint le délivrer ; aucune voile libératrice n’apparut sur la mer, et l’ancien ouvrier taillandier entreprit de construire, avec l’aide des insulaires, un petit navire avec lequel il pût retourner à Raiatea.

En 1834, John Williams revint en Angleterre. L’infatigable missionnaire repartit le 1er avril 1838 sur le Camden, acheté pour le service des missions. Il emmenait avec lui plusieurs jeunes gens décidés à le seconder dans ses efforts.

Après plusieurs visites à Rarotonga, à Taïti, à Raiatea et d’autres îles du grand Océan, il se risqua à aborder à Erromanga, une des îles des Nouvelles-Hébrides. Mais cette fois il ne réussit pas à dompter les cruels instincts des anthropophages. Ce fut en vain qu’en prenant terre il essaya de gagner l’amitié des naturels de cette île ; il leur tendait la main, ils la refusaient ; leur attitude était réellement menaçante.

Ses compagnons, craignant pour leur vie, battent en retraite et s’efforcent en vain de l’entraîner avec eux. Tout à coup un horrible hurlement se fait entendre. Lorsqu’il comprit le danger de sa situation, Williams voulut fuir et rejoindre le canot où s’étaient réfugiés les siens. Mais il fut poursuivi par un Papouas à l’énorme tête laineuse.

Le rivage était escarpé et encombré de roches, et le malheureux Williams tomba dans l’eau, où il reçut sur la tête plusieurs coups de massue. C’est en vain qu’il se débattit… Les sauvages vinrent en foule pour achever de l’assommer ; ils le rouèrent de coups, ce qui est une façon d’attendrir les chairs, du vivant même de la proie convoitée… Une bande d’affreux marmots noirs — espoir du cannibalisme ! — se fit ensuite un eu de cribler le corps de fragments de roches, jusqu’à ce que l’eau fût rougie du sang du trop confiant et trop zélé missionnaire.

Quand la nouvelle de cet attentat parvint à Sydney, un vaisseau de guerre fut envoyé à Erromanga, non pour venger la mort de Williams — ces sortes de représailles produisent peu d’effet, — mais pour es-