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LES AVENTURIERS DE LA MER


barbare, ne dut pas permettre à ceux qui avaient échappé au premier péril, de s’écarter de cette île funeste ; et ils durent tout tenter pour arracher leurs compatriotes au sort qui les menaçait. Ce fut là, nous n’en doutons point, la cause de la perte du second navire. L’aspect même des lieux où il est resté ; donne un nouvel appui à cette opinion. Car au premier abord, on croirait y trouver une passe entre les récifs. Il est donc possible que les Français du second navire aient essayé de pénétrer par cette ouverture en dedans des brisants, et qu’ils n’aient reconnu leur erreur que lorsque leur perte était aussi consommée. »

Les objets retrouvés par Dumont d’Urville, joints à ceux déjà rapportés en France par le capitaine Dillon, figurent aujourd’hui au musée de la marine au Louvre, disposés sur une pyramide. Depuis, de nouvelles recherches ont été entreprises. En 1883, le lieutenant de vaisseau Bénier, commandant le Bruat, a réussi à retirer de la mer trois ancres, trois canons, diverses plaques de fer blanc et de plomb. L’un des canons portait le millésime de 1621 ; un petit canon de bronze trouvé sur le grand récif marquait la place où l’Astrolabe avait sombré. Ces objets, rapportés d’abord à Nouméa, y ont été reçus avec les honneurs qu’on eût rendus aux dépouilles mêmes des victimes du célèbre naufrage.

D’après les ordres du gouverneur, les compagnies de débarquement des bâtiments de guerre et les troupes de la garnison avaient été mises sur pied. Tous les fonctionnaires de la colonie accompagnaient le gouverneur, qui présidait à cette cérémonie, et la population entière s’était massée sur les quais pour assister au débarquement de ces épaves.

Elles quittèrent le Bruat dans une chaloupe ornée de fleurs et de feuillage, remorquée par deux embarcations commandées par un officier. À ce moment le Bruat les salua de vingt et un coups de canon. Le capitaine de vaisseau Pallu de la Barrière, gouverneur de la Nouvelle-Calédonie, prononça une allocution en recevant à leur arrivée à terre, des mains de M. le lieutenant de vaisseau Bénier, les épaves des deux bâtiments. Et la cérémonie fut close par une seconde salve de vingt et un coups de canon.

Pareille aventure sinistre arriva, en 1806, au Sydney allant de Port-Jackson (Australie) au Bengale, et qui se préparait à passer le détroit de Dampierre, lorsqu’à une heure du matin, il toucha sur un banc de corail qui n’était marqué sur aucune carte — peut-être ayant surgi récemment à la surface des eaux, comme cela a lieu sans cesse dans ces