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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/392

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combien ils désiraient que leur recommandation fût suivie d’un complet succès. Dans une de ces apostilles, le duc de Guise disait : « Messieurs, je vous prie voulloir gratiffier ceulx que je vous recommande, car ilz sont mes serviteurs. » Dans une autre, le cardinal de Bourbon disait : « Je ne penseray point que vous m’esmiéz (m’aimiez) sy vous ne faictes ce dont je vous prye en faveur du sieur de… » Deux cardinaux, issus du sang de nos rois, traitaient de simples prêtres d’amis et de confrères. Des princes, illustres par cent faits d’armes, et dès-lors plus puissans que les rois, écrivaient à ces mêmes prêtres dans les termes de la plus affectueuse égalité, et sollicitaient d’eux, avec instance, des grâces pour leurs protégés. C’était de quoi tourner la tête à un aréopage, et le chapitre de Rouen n’y savait pas résister. Aussi, presque tous ceux qui levèrent la fierte à cette époque étaient-ils bien plus les élus de ces princes que ceux du chapitre lui-même, qui, caressé par ces hommes habiles, suivait en aveugle le mouvement qu’ils lui avaient imprimé.


1583. La fierte accordée à deux gentilshommes qui avaient tué l’assassin de leur père.

L’élection de 1583 fut encore leur ouvrage. La fierte fut accordée à Chrestien De Gommer, sieur du Breuil, et à son frère, coupables d’assassinat de guet-à-pens. Mais les corconstances dans lesquelles ce crime avait été commis les mettaient hors de ligne. C’étaient des fils qui avaient vengé leur père odieusement assassiné, quelques années avant,