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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/425

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pas honte de lui donner leur sanction. C’est ici un des faits les plus remarquables de l’histoire du privilège ; on nous pardonnera des détails.

Dans les combats que Henri IV avait eu à soutenir contre la ligue, dès les premiers jours de son avènement au trône, il avait été secondé surtout par François De Montmorency du Hallot. En Normandie « c’estoit ce seigneur qui, le premier, s’estoit oppose aux ennemys du roy, et leur avoit tellement résisté, que leurs efforts pour occuper en entier ceste vaste province avoient été rompus[1]. » A la bataille d’Arques, il s’était battu comme un lion, auprès du roi, qui voulut reconnaître son dévoûment et sa bravoure. Le gouvernement de Gisors était alors dans les mains de Christophe II, marquis d’Alègre, baron de Saint-Just, que ses violences et sa tyrannie avaient rendu l’effroi du pays. Pour ne citer qu’un seul fait, qui suffit pour peindre ce gentilhomme, M. Frontin, lieutenant-général, ayant résisté à un de ses caprices, on l’avait vu faire attacher ce vieillard à un poteau, le faire asseoir sur un baril de poudre ; une mèche brûlait auprès : et si, avant qu’elle se fût éteinte, le vieillard ne cédait pas, le baril allait sauter. La constance de ce digne magistrat, dans une circonstance si critique, avait provoqué dans

  1. Denis Bouthillier, Plaidoyer.