Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/434

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Mais quoi, les conjonctures varient, et les hommes avec elles.

La veuve De Montmorency du Hallot et ses deux filles, averties de toutes ces intrigues, faisaient de grands efforts pour empêcher que les assassins de leur mari, de leur père, obtinssent une impunité scandaleuse. A leur demande, M. De Piperey, l’un des conseillers royalistes réfugiés à Caen, avait écrit à Rouen à M. De Thibermesnil son parent, et l’avait prié de tout faire pour empêcher le scandale qui se préparait. Il le suppliait « autant qu’il lui estoit possible, non pas comme pour ses affaires propres, mais encore d’avantaige, d’empescher, par tous moiens, que le dict privilège ne fust baillè au sieur D’Alègre ou aucun de ses complices, pour l’inhumanité et cruel meurtre et assassinat commis au feu sieur Du Hallot. » Un autre conseiller royaliste, M. De Boislévêque, avait écrit à un des capitaines de la ville de Rouen, à peu près dans les mêmes termes ; et, dans sa lettre, il touchoit la maison De Montmorency[1], c’est-à-dire, qu’il relevait encore l’horreur du forfait par l’illustration de la victime. Mais que pouvaient contre les chefs de la ligue trois femmes éplorées, qui, encore, n’avaient de protecteurs que dans le parti des hérétiques ? Le chapitre réuni élut, tout d’une voix, Claude de Péhu et ses complices,

  1. Registres secrets du parlement royaliste sèant à Caen, 1593.