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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/452

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« Ce privilège, disait-il, se doit donner en cas pitoyable, et non par authorité ou faveur de seigneurs, à gens qui ont commis tous crimes exécrables et indignes d’un tel pardon[1]. » C’était en 1588 que De Bras parlait ainsi. Qu’eût-il dit après l’élection de D’Alègre, assassin de Montmorency du Hallot ? Mais, dès lors, il regrettait « qu’il s’y commît le plus souvent des abus », et ajoutait « qu’il y avoit danger que messieurs les ecclésiastiques le perdissent, à cause de l’abus qu’ils en faisoient. Il croyoit, disait-il, devoir donner cest advertissement à messieurs du chapitre. »

Dans le même tems, Étienne Pasquier disait « qu’il ne se pouvoit bonnement résoudre comme il se pouvoit faire qu’un si homme de bien que sainct Romain produisît un effect contraire à sa saincteté, et que ceste saincteté fust comme une franchise des meurdres les plus détestables[2]. » ; et il faisait des vœux pour que le privilège « ne s’estendît qu’en faveur des délits qui, de leur nature, estoient rémissibles. C’estoit ainsy, disait-il, que l’on fermeroit la bouche à tous ceux qui mesdisoient du privilège[3]. » — « Souvent les chanoines de Rouen avoient esté admonestés de procéder à l’eslection d’un prisonnier, avec tout respect et

  1. Recherches et antiquitéz de la duché de Normandie.
  2. Lettres d’Estienne Pasquier, livre 8, lettre 2e.
  3. Estienne Pasquier, Recherches de la France, livre 9, chap. dernier.