Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/507

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contre icelluy, que, quand vous tonniez et foudroyez de cholère, le roy le confirmoit à la postulation des trois estats de la province. »

Après avoir fini avec Bouthillier, les chanoines s’en prenaient à Bodin, qui, dans sa République, avait attaqué le privilége de la fierte ; Bodin, « grand jurisconsulte, disaient-ils, mais si mauvais théologien, qu’il a esté mis au rang des calvinistes par les escrivains de ce temps. » Dans ce qu’avait dit Bodin sur la fierte, le chapitre remarquait quatre argumens. « Ce sont, disait-il, quatre pièces de canon qu’il a tirées contre le privilége, sans nous avoir, grâce à Dieu, fait aucune peur. » Cet auteur avait comparé le privilége de la fierte à celui des Vestales, dont la rencontre fortuite sauvait les condamnés que l’on conduisait au supplice. « A quel propos ceste comparaison ? disait le chapitre ; nous sommes venus à un siècle où les esprits sont si desgoûtéz, qu’ilz prendront plus de plaisir à lire Tite-Live, Salluste et autres historiens payens, que la Bible, un Eusèbe, un Saint-Jérôme. Ilz ploreront plustost un Adonis, le mignon de Vénus, que la passion de nostre seigneur Jésus-Christ ou une calamité publique. Ils croyront plus asseûrément le privilège des Vestales que de saint Romain ; ils adjousteront plustost foy à la fable d’Hercules qui tua l’hydre, que à sainct Romain qui a tué le dragon. » Bodin avait dit que « la rémission des meurtres