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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/69

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chose dans son acte de donation, formulè, selon toute apparence, sous la dictée du chapitre ? Non ; il parle seulement de l’immunité (c’est-à-dire du privilège de la fierte) comme ayant eté accordée, anciennement à l’église de Rouen, par les rois et les princes, en considération de la glorieuse vierge Marie et du bienheureux saint Romain ; par les rois et les princes, c’est-à-dire, évidemment, par la tolérance des ducs qui avaient successivement régné sur la Normandie. S’il y avait eu quelque charte formelle accordée par l’un d’eux, ou par quelque roi de France, avant l’invasion des Normands, quelle occasion plus favorable pouvait-on avoir pour l’alléguer ? Mais non, les chanoines n’avaient point alors de titre, ils n’avaient point de droit. Seulement ils demandaient, chaque année, le jour de l’Ascension, un prisonnier aux rois, aux ducs, aux juges, qui ne le leur refusaient pas. C’était suivre l’exemple des saints évêques des premiers siècles, qui, presque tous, avaient intercédé avec succès en faveur des prisonniers. C’était, comme naguère saint Augustin auprès de Macédonius, juge d’Afrique, faire triompher la miséricorde de l’église sur la rigueur de la justice[1]. Les premiers tems de l’église de France offrent des exemples

  1. Epistola divi Augustini ad Macedonium.