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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 1, Le Grand, 1833.djvu/88

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et, en définitive, saint Romain s’était trouvé avoir dompté, non la Seine débordée, mais une hydre, un dragon furieux. Et pour donner un exemple de ces travestissemens de faits certains en des fables où paraissaient encore quelques traces de l’action primitive, qu’était-ce, en réalité, que cette hydre de Lerne qu’Hercule avait su dompter ? Isidore de Séville nous l’avait appris[1]. C’était un lac dont les eaux inondaient et ruinaient la campagne. Hercule avait élevé les bords de ce lac, et, étant parvenu, par ce moyen, à le contenir dans ses rives, avait mérité ainsi la reconnaissance des peuples. Dans la suite, de ce lac si redouté, qui, naguère s’épandant par plusieurs bouches, allait inonder et dévaster les campagnes, ils avaient fait un serpent monstrueux armé de cent têtes, qui dévorait les hommes. La fable de l’hydre d’Hercule et la fable du dragon de saint Romain, à peu près semblables, avaient la même origine. Sacy interprétait ainsi la légende de la gargouille ; et certes, cette explication avait quelque chose d’ingénieux ; mais, sans relever ce qu’il y avait, selon nous, de forcé à vouloir qu’on eût traduit inondation par gargouille, puis gargouille par hydra, et enfin hydra par serpent, dragon, comment rattacher à tout cela l’usage de

  1. Isidorus, episcopus hispalensis, originum XI.