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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/257

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parlement décida que ce conseiller « n’avoit plus lieu de s’en excuser. Seulement, vu la cherté ayant de présent cours, et surtout celle du vin, la cour lui subvint. »

On tenait tant à ce repas, que, pendant les troubles de la ligue, la fraction du parlement restée fidèle à la cause royale, qui était allée s’établir à Caen où elle était comme en exil, manquant presque de tout, réduite à prier Henri IV de lui donner des robes rouges, et n’ayant point enfin de prisonnier à délivrer, ne laissa pas, toutefois, de s’asseoir chaque année, le jour de l’Ascension, à un banquet dont un de ses membres faisait les frais. Le matin, cette compagnie assistait à une grand’messe en musique célébrée par les religieux cordeliers. « MM. les présidents avoient robes rouges, et aucuns de MM. les conseillers, autant qu’il y en avoit qui avoient des robes rouges, en estoient vestus, portans leurs chaperons rouges fourrez ; les autres estoient en robes noires. » Ensuite on se rendait dans la chambre du conseil, où un dîner avait été préparé. Ainsi tout se passait comme à Rouen, sauf la délivrance du prisonnier, qui, pourtant, à vrai dire, eût été le principal. Seulement, les huissiers, s’imaginant, sans doute, que la mauvaise fortune rapproche les distances, s’avisèrent, un jour d’Ascension, de venir s’asseoir « en mesme salle et à une table tout près de celle de Messieurs ; » et ces braves gens