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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/334

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n’eût rien pesé, ou n’aurait pas soupçonné qu’elle était grosse ; elle l’était toutefois, et même le terme était bien prochain. La confrérie de Saint-Romain avait, cette année, pour maître en charge, maître Pierre Daré, écuyer, sieur du Châteauroux, lieutenant-général du bailliage. C’était un personnage éminent, et qui datait fort, alors qu’il n’y avait point de parlement. Il avait été le premier prince de l’illustre confrérie de la Conception de la Vierge, autrement dite du Puy, ou des Palinods ; c’était lui qui le premier avait fondé des prix pour les poètes auteurs des meilleurs vers. En un mot, il jouait un grand rôle à Rouen, et, de long-tems, prisonnier ayant porté la châsse n’était tombé en si bon gîte. Hébergée et régalée magnifiquement par son hôte, voilà qu’après avoir dîné avec tous les confrères, dame Guillemine est prise des douleurs de l’enfantement ; vîte on la conduit dans la belle chambre richement accoustrée ; l’épouse du maître en charge s’empresse autour d’elle et fait merveilles ; une heure après, les douleurs de dame Guillemine avaient cessé, et elle remerciait Dieu et saint Romain de sa double délivrance, et de ce que le mal l’avait prise dans une si bonne maison, plutôt que dans la geole où elle était encore le matin. Le lendemain, on ne pouvait pas songer à la conduire au chapitre pour y entendre la semonce et y faire les sermens d’usage. Tous les membres de la confrérie de Saint-Romain