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Page:Amable Floquet - Histoire du privilege de saint Romain vol 2, Le Grand, 1833.djvu/59

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parvinrent à le faire arrêter à Paris où il se cachait (le père était mort depuis peu). Ils présentèrent au conseil une requête en cassation de l’arrêt du parlement de Rouen, du 31 mai 1685, qui avait reçu le sieur D’Attigny fils au privilége de la fierte.

Le célèbre Louis De Sacy, avocat au conseil, membre de l’académie française, prit leur défense. Les écrits qu’il publia dans cette affaire sont trop remarquables et firent alors trop de sensation pour qu’il nous soit permis de passer légèrement sur cette circonstance importante de l’histoire du privilége. L’arrêt du parlement devait, dit-il, être cassé comme contraire à l’édit de 1597. Cet édit interdisait formellement le privilége aux assassins de guet-à-pens, et l’assassinat du sieur Darsy n’offrait-il pas tous les caractères du guet-à-pens ? Contraire aux lois humaines, l’arrêt du parlement de Rouen ne l’était pas moins aux lois divines. Car ces lois, qui avaient établi des asiles pour les criminels, avaient défendu d’y admettre les assassins. L’arrêt du parlement était encore nul, comme rendu par des juges sans pouvoir. Si ce parlement avait été incompétent pour condamner le sieur D’Attigny, n’était-il pas, dès lors, incompétent pour l’absoudre ? Or, à quel titre eût-il pu le condamner ? Le sieur D’Attigny était du ressort du parlement de Paris, et c’était aussi dans ce ressort que son crime avait été commis. Le parlement de Rouen avait-il le