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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/155

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L’ATELIER D’INGRES.

Mon admiration muette pour mon maître amena un jour une scène assez curieuse à son atelier, où je me trouvais avec Mottez, devant le Cherubini, qu’il était en train d’achever. « Eh bien ! nous dit M. Ingres, vous ne trouvez rien à me dire ? »

Nous fîmes tous deux un geste négatif.

« Il y a cependant à la main de la Muse quelque chose qui ne me contente pas… le doigt en avant… »

Entraîné un peu malgré moi :

« C’est vrai, je trouve…

— Ah ! vous voyez bien… pourquoi ne me le disiez-vous pas ?

— Parce qu’il ne me paraît pas permis de faire une observation que vous n’auriez pas provoquée.

— C’est vrai, vous avez raison… Eh bien ! que trouvez-vous ? »

Je lui expliquai que, l’index venant en avant, il me semblait qu’il devait avoir plus de largeur à l’extrémité, au lieu d’aller en s’amoindrissant, comme dans le tableau.

« Ah !… » Et regardant Mottez : « Il a peut-être raison… Voyons, posez-moi cette main… »

Et me voilà dans la pose de la Muse, et M. Ingres, l’œil animé, regardant, comparant, me