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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/216

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LA VIE À FLORENCE.

Ces deux chambres étaient situées au dernier étage d’une maison fort basse, comme elles sont presque toutes à Florence, l’équivalent d’un deuxième étage de Paris ; une vue charmante, que la maison en face de la nôtre, plus basse encore, nous permettait d’avoir sur les ravissantes collines qui entourent la ville ; et dans un quartier élégant, à deux pas de San-Lorenzo et de la belle via Larga. Tout cela était gai, aimable, et cette description, qui paraîtra bien peu de chose, je ne la fais pas sans une émotion tout à fait vive.

Chacun de nous avait sa clef, car, j’oubliais de le dire, il n’y a pas de portiers à Florence. Pas de portiers ! il faut avoir vécu à Paris pour bien comprendre la valeur de ces mots. Pas de portiers ! c’est-à-dire la liberté d’aller et venir, de sortir, de rentrer, sans avoir auprès de soi un argus qui vous guette. Nous n’avions donc pas de portiers ; par conséquent nous n’étions jamais préoccupés le soir, quand les nuits si belles de Florence nous attardaient à la sortie du théâtre, de réveiller, et par suite d’irriter un individu qui n’aura plus d’autre but que de se venger. Je ne sais si je me trompe, mais je crois que beaucoup de jeunes gens partageront mon sentiment sur ce genre de liberté.

Dans les premiers temps de notre séjour, la