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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/219

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L’ATELIER D’INGRES.

moins charmante cette façon de faire le commerce, et je fus tout surpris la première fois que je la vis s’éloigner sans vouloir accepter ce que je lui offrais, et cela avec une grâce parfaite. Rien de plus joli encore que de la voir, lungo l’Arno, jeter ces petits bouquets avec beaucoup d’adresse dans des voitures découvertes, où d’élégantes jeunes femmes les recevaient comme la chose du monde la plus naturelle. Aujourd’hui, cette industrie, en se généralisant, a perdu tout son charme.

Après le déjeuner, chacun tirait de son côté ; j’allais, moi, au couvent de San-Marco, où j’avais commencé une copie d’après Beato Angelico.

Le couvent des dominicains de San-Marco renferme, on le sait, une immense quantité de compositions peintes sur les murs par Beato Angelico. Il en existe dans presque toutes les cellules des moines ; quelques-unes sont des chefs-d’œuvre de naïveté et de grâce. Mais ce que l’on sait moins, c’est l’usage traditionnel qui veut qu’il y ait toujours au couvent un fou et un peintre. Les fous ont laissé peu de trace de leur séjour en ce lieu ; mais deux des peintres qui y ont passé leur vie, Beato Angelico et fra Bartholomeo, suffisent largement à la gloire du couvent.