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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/224

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LA VIE À FLORENCE.

poignardée il y a un instant, revenir, la bouche en cœur, chanter son grand air du premier acte. Sarcey, qui est à la recherche des moyens de faire entendre la pièce entière aux spectateurs, n’a pas pensé à celui-là. Malgré tout, ces soirées étaient charmantes et nous reposaient agréablement de notre travail de la journée.

Je dois ajouter que les bourses les moins garnies, nos bourses d’étudiants en peinture, pouvaient suffire grandement à une existence qui eût été luxueuse partout ailleurs.

Le prix des abonnements à la Pergola variait selon la qualité des personnes. J’en eus la preuve quand, présenté à l’administration par un peintre florentin, on voulut bien m’accorder le même rabais qu’à lui. Je me souviens même qu’un monsieur qui venait comme moi s’abonner, fit la remarque qu’on exigeait de lui deux tiers en sus du prix qui m’avait été demandé :

« Mais, répondit le contrôleur, monsieur est un artiste ; vous, vous êtes un marquis. »

Il fallait bien qu’il payât son titre !