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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/229

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L’ATELIER D’INGRES.

ferai enlever, si vous ne le faites pas ; c’est un chef-d’œuvre ! c’est comme André del Sarte. »

Et M. Ingres marchait en gesticulant et en poussant des exclamations sans suite. « Laisser cela sur le mur !… c’est impossible, je ne le souffrirai pas ! »

Mottez ne put le calmer qu’en lui disant que, s’il jugeait vraiment que cette étude fût digne d’être conservée, il s’empresserait d’obéir à son désir, qui était pour lui un ordre des plus flatteurs. Un de ces habiles ouvriers italiens fut chargé de l’opération très-délicate, et Mottez rapporta en France ce beau portrait que j’ai admiré souvent à son atelier, où il me raconta l’aventure en riant comme toujours, et sans en tirer la moindre vanité.

À l’heure qu’il est, Mottez, en vrai philosophe, vit retiré au fond de la vallée de Bièvres, avec son fils, charmant et intelligent garçon. Il fait sa peinture, cultive son jardin, fabrique lui-même son vin, qu’il trouve excellent, mais qu’il a le bon goût de ne pas offrir à ses amis, lorsqu’il les reçoit. — Ce séjour à la campagne nous prive un peu du plaisir de nous voir aussi souvent, mais ne nous empêche pas de nous aimer toujours.

Avec de pareils amis et autant d’éléments de distraction en tous genres, on peut imaginer la