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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/231

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L’ATELIER D’INGRES.

Quand il entra, nous eûmes tous la pensée que M. Ingres n’était pas loin ; en effet, il nous annonça qu’il le précédait de quelques jours, et qu’ils allaient passer ensemble les chaleurs dans le nord de l’Italie.

Pourquoi fûmes-nous abattus, consternés, ce que Franck vit bien, et ce qui le fit sourire ? C’est que nous nous sentions tous sur la conscience quelques péchés plus ou moins gros, qu’il faudrait confesser au maître ; malgré notre âge, et quoique nous pussions nous considérer comme émancipés, nous étions toujours devant lui bien petits garçons, et nous n’avions jamais cessé de conserver en sa présence l’attitude réservée d’élèves.

Sturler faisait une grande page d’un style plus gothique que grec ; moi, j’avais entrepris une petite composition d’après une légende florentine ; et Franck, qui le savait déjà, je ne sais comment, nous lança à ce sujet des épigrammes comme venant de M. Ingres.

« Ces messieurs sont à Florence, aurait-il dit ; moi, je suis à Rome… Vous entendez, je suis à Rome. Ils étudient le gothique… Je le connais aussi… je le déteste[1]… Il n’y a que les Grecs ! »

  1. Il avait bien changé d’opinion ; car, d’après ce que