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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/249

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L’ATELIER D’INGRES

Je ne puis dire combien je fus touché. Je le remerciai, tout confus de cette pensée flatteuse, et bien reconnaissant d’un service si délicatement offert.

J’allais me livrer à ce travail avec une ardeur bien naturelle, lorsque la mort de M. Bertin mit fin à tous mes projets.

Je ne saurais dire, avec autant d’autorité que ceux qui ont fait son éloge, ce qu’il y avait de bonté, de noblesse, de grandeur, dans le caractère de cet homme distingué ; je dirai du moins que je l’ai pleuré du plus profond de mon cœur.

Une année environ après, Armand Bertin, son second fils, me pria un jour de passer chez lui, et me dit, à mon grand étonnement, que son père avait contracté une dette envers moi.

« Je veux l’acquitter, ajouta-t-il, et la somme qu’il avait destinée à un ouvrage de vous est à votre disposition ; mais, puisque vous n’avez pas commencé, je vous avouerai que ce que je désirerais surtout, c’est une copie du portrait d’Ingres, qui, vous le savez, appartient à Édouard, comme aîné de la famille. »

Je m’étais imaginé que cette petite affaire s’était passée entre M. Bertin et moi, et que, lui mort, il ne pouvait plus en être question. Je fus surpris et reconnaissant.

Je me mis à exécuter cette copie avec toute