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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/77

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L’ATELIER D’INGRES.

ripostes sont si rapides, les coups si nombreux, qu’il est impossible, en sortant de l’atelier, d’en conserver le moindre souvenir.

La musique aussi, cette seconde passion des peintres, jouait un assez grand rôle pendant notre travail. La voix naturellement était notre seul instrument, mais juste en général, et la mémoire musicale très-exacte.

Je ne sais si on a expliqué par quel singulier effet d’organisation il n’existe pas un peintre qui n’ait l’amour de la musique et l’oreille juste, et cela sans exception ; et par contre, pas un poëte à qui elle ne soit plus ou moins odieuse.

Nous avons constaté ce fait assez curieux, Reber et moi, sans avoir pu nous en rendre exactement compte.

C’était presque toujours l’opéra nouveau qui donnait le branle. On le discutait, et alors chacun, pour prouver le mérite du morceau qu’il préférait, se mettait à le chanter ; un autre entonnait le morceau suivant, et tout l’opéra y passait. Comme les gens qui aiment un art sans l’avoir étudié, ou sans avoir au moins comparé, nous aimions toutes les musiques, et nous passions sans scrupule d’un air d’Adam à l’andante de la symphonie en la. Notre goût était loin d’être formé, mais il était très-vif.

La séance du modèle se passait donc fort