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Page:Amaury-Duval - L’Atelier d’Ingres.djvu/88

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L’ATELIER DES ÉLÈVES.

qui pourront y mettre une certaine exactitude, mais qui n’inspireront aucune confiance. »

Quant aux fresques, le doute ne saurait exister. Elles ne peuvent être vues qu’à leur place, sous le ciel où elles ont été produites. Elles font toujours partie d’un ensemble qui ajoute souvent à leur valeur, et que l’on ne peut leur enlever sans leur retirer aussi une grande partie de leur beauté.

Je me souviens d’une copie qu’un élève de Rome avait envoyée à Paris. Je l’avais vue à côté de l’original ; elle était d’une exactitude parfaite. Le public et les critiques d’art accablèrent de dédains cette malheureuse copie et son auteur ; moi-même, je l’avoue, je ne la reconnus pas à l’École des Beaux-Arts : je compris alors l’absurdité de déplacer des chefs-d’œuvre, qui, transportés dans un autre milieu, paraissent s’amoindrir, s’étioler comme les fleurs des pays chauds enfermées dans nos serres.

Promenez-vous dans la galerie des Loges, au Vatican ; est-ce seulement les peintures de Raphaël qui vous ravissent, vous transportent ? Mais elles sont très-exactement copiées à l’École des Beaux-Arts, et vous n’allez pas les voir. Non, ce n’est pas là seulement Raphaël qui vous charme ; c’est tout un ensemble, c’est le ciel, c’est la campagne de Rome, les montagnes d’Al-