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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/144

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tème, sont solidaires, mais l’influence qu’elles exercent les unes sur les autres, bien que réciproque, est inégale. Chacune, attirée par celles qui sont au-dessus d’elle dans la sphère des êtres, attirent celles qui se trouvent au-dessous ; mais, à mesure qu’une âme approche du centre de toute lumière, elle renvoie aux autres âmes plus de rayons et elle en reçoit moins. Le progrès de chacune est le progrès de toutes. C’est ainsi que se fait l’harmonie et la compensation dans la cité des âmes, système immense comme le ciel et dont Dieu est le soleil.

LVI. — UNE PUISSANCE DE L’ESPRIT.

Il est une faculté que très-peu d’hommes connaissent et que presque personne n’exerce ; je l’appellerai la faculté de réimplication. — Pouvoir se simplifier graduellement et sans limites ; pouvoir revivre réellement les formes évanouies de la conscience et de l’existence ; — par exemple, se dépouiller de son époque et rebrousser en soi sa race jusqu’à redevenir son ancêtre ; — bien plus, se dégager de son individualité jusqu’à se sentir positivement un autre ; — bien mieux, se défaire de son organisation actuelle en oubliant et éteignant de proche en proche ses divers sens et rentrant sympathiquement, par une sorte de résorption merveilleuse, dans l’état psychique antérieur à la vue et à l’ouïe ; — plus encore, redescendre dans cet enveloppement jusqu’à l’état élémentaire d’animal et même de plante, — et plus profondé-