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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/175

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sont. Battues adroites de reconnaissance ; circonvallation par insinuations indirectes qui, sans en avoir l’air, resserrent insensiblement le problème ; hypothèses successivement creusées, éliminées, amendées, qui s’avancent à petit bruit en zigzag comme la sape des chemins couverts ; mines et contre-mines…. Le curieux ressemble ici singulièrement à un officier de génie, et la conversation du voyageur à la guerre de siége[sic]. De minute en minute la crise approche ; déjà la brèche s’élargit, le dernier obstacle tombe, l’inconnu va être connu, victoire ! Mais l’heure sonne ; diligence, wagon ou vapeur, arrivés, s’arrêtent. On se joignait, il faut se séparer. Ainsi va le monde !

XCVIII. — MISANTHROPIE ET REPENTIR.

Il y a, dans la vie de chacun, des moments où le monde des hommes apparaît comme une ménagerie de vilaines bêtes qu’il faut dompter quand on ne peut les fuir. Ces moments, fixés et perpétués, conduiraient vite à la misanthropie. Mais le pardon vaut mieux que la vengeance et la charité que le mépris ; d’ailleurs il est écrit : La colère n’accomplit pas la justice de Dieu.

XCIX. — L’HOROSCOPE.

L’aspiration fondamentale d’un individu est l’indice de ce qu’il est, sa manière de juger les maîtres est la mesure de ce qu’il sait, et son œuvre est la preuve de ce qu’il peut. Son horoscope est