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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/177

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la formation de nos continents, les plus turbulents tremblements de terre, comparés aux prodigieux soulèvements géologiques ou aux immenses dépôts séculaires ? de simples accidents.

CIII. — HABILETÉ.

La grâce protège : en lissant son aile, le cygne s’en fait une cuirasse.

CIV. — ÉTENDUE ET DISPERSION.

Effleurer et parcourir ne sont pas la même chose ; l’habitude de feuilleter est nuisible, l’art de feuilleter précieux ; l’une disperse, l’autre étend.

CV. — RÉCOMPENSE DU TRAVAIL.

Le sommeil de la mémoire n’est pas sa mort : les études oubliées sont des aptitudes rendormies.

CVI. — LES OMBRES.

Rien sans peine, pas même le vrai plaisir ! L’indolence n’est pas la mère des jouissances, mais de l’ennui, tandis que l’activité donne à la fois au travail son mordant et au loisir sa saveur. — Rien sans peine, rien de grand surtout ! C’est l’effort qui augmente la force et la langueur qui rend impuissant. La mollesse est un poison, la paresse un suicide. Consentie ou non, l’inertie est le crépuscule de la mort pour l’individu. Passez, malheu-