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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/22

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IV

LA PETITE GLANEUSE.

À M. Henri Blanvalet.


Sois bien sage, dors, petit frère ;
À la vitre baisse le jour ;
Sans pleurer, attends mon retour
Dans ta couchette solitaire.
Partons ; lui, du moins, n’a pas faim ;
La moisson, bien sûr, fut superbe ;
Cherchons les miettes de la gerbe ;
Chaque épi fait un peu de pain.

La nuit arrive et je suis seule !
La mère en rentrant va gronder ;
Pauvre, elle défend de l’aider
À mettre du grain sous la meule.
Si de blé mon tablier plein,
Pouvait faire oublier mon âge !…
Allons, allons ! vite à l’ouvrage !
Chaque épi fait un peu de pain.