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Page:Amiel - Grains de mil, 1854.djvu/43

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Mais on s’attache à tout rivage
Qui nous garde quelque tombeau ;
Là, dorment sous un noir feuillage
Ceux dont s’entoura mon berceau.

Riantes, sur ce champ de poudre
Tout ensemencé de mes morts,
Et labouré de coups de foudre,
Deux fleurs ont crû, mes seuls trésors.

L’une, bouton tout frais encore,
A bruni sous treize printemps ;
Sur l’autre, rose près d’éclore,
Dix-sept fois a passé le temps.

Je sais au sol de la patrie,
Un foyer que cherche mon cœur,
Je sais une maison fleurie
Où vient s’abriter mon bonheur.

Petit toit, aux blanches tourelles,
Rempli de chansons, joyeux nid,
Hélas ! mon cœur seul a des ailes,
Petit toit, de loin sois béni !

Naples, 1842.